J – 57 : « Vague à l’âme »

10 avril 2020 – 09h30

La privation de normalité commence à peser. Tout comme elle pèse déjà sur beaucoup d’épaules, surtout celles des enfants et de leurs proches, contraints, pour beaucoup, de vivre la parentalité dans une situation de confinement cumulant éducation, vie de famille, suivi scolaire et télétravail. Depuis l’arrivée quasi-soudaine du minuscule virus, plus de la moitié de l’humanité est astreinte au minimum. La « vie d’avant » n’est plus, et ne reviendra probablement pas.
Le sanitaire se fissure sous les coups de boutoir de l’incurie, la surveillance s’accroît, les droits fondamentaux tombent, les régimes se durcissent, la bulle financière éclate et le grand capital se déchaîne. De par le monde, le mensonge règne en souverain. Les hommes d’État rivalisent de mauvaise foi et les faux-semblants sont devenus leurs seuls conseillers. Notre vie n’est plus que le témoin stupéfait d’un immense cirque communicationnel.

La difficulté de parer au difficile réside notamment dans le fait que peu d’entre-nous acceptent une réalité aussi sordide. Et pourtant. Nous relever pour changer ne passera que par cette étape cruciale. Dans ce capharnaüm planétaire, lever les yeux vers les étoiles ne changera rien. Notre solitude face à l’effondrement est abyssale. L’appât du gain et la bêtise s’avèrent être de redoutables adversaires, et nous ne sommes pas parés à nous en défendre.

Le rituel des courses ou de la sortie quotidienne, obligatoire ou non, contraint ou pas, n’est que le reflet de l’autruche que notre miroir nous renvoie. Nous ne faisons que nous mettre la tête dans le sable, quand tout au-dehors nous exhorte à reconstruire des bases plus solides que le mouvant. Continuer de s’accrocher à des modèles obsolètes fait preuve de l’inconscience la plus totale. L’organisation humaine mérite de nouvelles fondations, tournées vers autre chose que la pyramide. Le partage, l’échange, les services, l’entraide, le collégial doivent impérativement trouver leurs voies, si tant est que tout à chacun leur fasse un pont d’or avec les seules valeurs désormais possible : celles d’un avenir hors mondialisation. Un monde sans actifs capitalistes ni petrodollars, est-ce si utopique ? À en croire les « grands » du moment, il semblerait, en effet.

Au milieu de ce splendide gâchis, les futures générations ; qui tentent désespérément de rattraper les notions qui leur échappent, et tâchent de tourner en rond le moins possible. Et pourtant, au vu du monde que nous leur préparons, il y a de quoi tourner en bourrique.

Et cela sans compter sur la tyrannie familiale, qui malgré le basculement mondial n’a rien changé à ses insupportables habitudes. Sans vergogne, elle continue de sévir sur les enfants, les femmes et les hommes, à tel point que les associations ne cessent d’alerter sur sa gravité. En situation de confinement général, l’isolement est à la hauteur de la panique ressentie au quotidien par les victimes de cet insupportable joug. L’intervention se fait à distance, n’aidant qu’en théorie. Un protocole de surveillance sans plus d’efficacité qu’une goutte noyée dans l’océan. L’horreur est confinée, elle aussi, et ne peut momentanément être extirpée des murs au sein desquels elle frappe sans relâche.

Après une matinée complète de recherches et d’intense concentration, je me sens totalement vidée. J’étire mes douleurs comme je peux pour les soulager, sans pour autant les maudir, comme à mon habitude. Avec tout ce qu’il se passe, je n’ai pas le droit à la plainte.
La porte de la chambre-bureau s’entrouvre doucement. Le regard interrogateur de mon mari m’interpelle. Sa main se tend, un verre de rosé frais calé entre les doigts. Un argument que je ne saurais refuser, à l’heure où le moindre petit plaisir devient le bonheur suprême.

« Tu devrais faire une pause », me conseille-t-il.
Ce que je m’empresse de faire, bénissant au passage l’inaltérable coordination qui nous unit.

Nous profitons du milieu de journée pour effectuer un tour d’horizon des médias libres et indépendants. Cela nous sort de la propagande nationale. Nous visionnons plusieurs vidéos et bulletins d’information, qui nous apprennent notamment qu’une plainte contre « X » a été déposée pour « mise en danger de la vie d’autrui » par la famille d’une personne âgée vivant en Ehpad, 29 résidents étants déjà décédés au sein de la structure depuis le 20 mars. Une plainte qui par ailleurs rejoint celle déjà déposée par le collectif de médecins « C 19 », afin de notamment dénoncer les nombreux manquements de l’exécutif depuis le début de la crise sanitaire. (1)  S’ajoute à cela le témoignage du président du conseil scientifique, qui estime entre 10 et 15 pour cent « l’immunité populationnelle », soit le pourcentage de personnes d’ors et déjà infectées par notre dorénavant célèbre coronavirus. À ce stade, ce niveau serait insuffisant pour empêcher une nouvelle épidémie en cas de déconfinement trop soudain. (2)

Nous débattons dans la foulée de cet état de fait, qui évidemment pose question quant à la date avancée du déconfinement, ainsi qu’au risque majeur de contamination encouru par les enfants, au coeur de leurs structures scolaires, et par leurs parents au sein de leurs entreprises respectives.
Et comme si cela n’était pas suffisant, un dernier reportage nous informe que des études scientifiques ont confirmé la présence du virus dans le corps des patients jusqu’à trente jours après leur guérison supposée.
On apprend
enfin que depuis peu, confirmation vient d’être donnée que ce micro-organisme passablement résistant peut persister durant des jours dans les réseaux d’égoûts et d’eau, tout en demeurant infectueux. Là encore, nous avons confirmation que les dernières études et observations cliniques semblent indiquer que les réinfections sont possibles, d’autant que sur plus de 175 patients à priori guéris du Covid-19, preuve a été donnée que tous révélaient un nombre d’anticorps largement insuffisant, et pouvaient donc tout à fait retomber malades en cas de seconde vague d’infection(3). Ce qui n’est pas pour calmer notre tendance à la paranoïa sanitaire et à la révolte face aux décisions inconscientes des gouvernements successifs. Les conséquences sont dramatiques, et le prix à payer bien trop cher.

C’est dans cet état d’esprit proche de la syncope que je retourne à mon clavier, toutes dents dehors, et pourtant contrainte de modérer mes ardeurs ; sans quoi la panique risquerait fort de s’emparer de mes personnages et de mon lectorat, d’autant plus que la suite des révélations du scientifique et chercheur Léon Parent ne vont pas faire dans la dentelle...

 

 

(1) Source : Journal d’information en ligne / Youtube– Chaîne officielle « TVLibertés » / « TVL » - (Rédacteur en chef / Présentation : Elise Blaise)

(2) Source : Journal en ligne «  lejdd .fr » - Article « Covid-19 : voici ce qu’est l’immunité de groupe et pourquoi elle est importante pour le déconfinement » - Rédaction : Arnaud Focraud (08 avril 2020)

(3) Source : Etude asiatique publiée en date du 07 avril 2020 et réalisée sur 175 patients (Journal d’information en ligne / Youtube– Chaîne officielle « TVLibertés » / « TVL » - (Rédacteur en chef / Présentation : Elise Blaise)

 

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