J – 79 : « Le tour du monde en 80 jours »

 

19 mars 2020 – Chambre-bureau – Domicile familial – 08h00 du matin

Le triturage de neurones est indescriptible. Mettre en forme un résumé digne de ce nom pouvant alimenter de manière convaincante un quatrième de couverture n’est pas une mince affaire. Et pendant que je tente d’éviter la syncope mon mari veille à l’achat d’un nom de domaine, tout en jouant les équilibristes avec la ligne éditoriale du blog ainsi qu’avec sa charte rédactionnelle et graphique.

Le titrage, les photos, les typographies, la page d’accueil, l’ergonomie, les liens pointant sur différents sites, les pages créées sur divers réseaux sociaux, les placards publicitaires, le référencement, et j’en passe. Le tout doit être fonctionnel en un temps record, afin d’être à même de recevoir la logorrhée verbeuse avec laquelle je suis aux prises.

Je teste tout ce que mon époux me donne à expérimenter, et je fini par me décider pour « Dotclear.org », suffisamment intuitif pour correspondre à ma manière d’appréhender l’inconnu virtuel. Ce moteur de blog me convient tout à fait, et répondra parfaitement aux différentes lignes éditoriales que nous nous sommes fixés.

En parallèle des nombreux tests, je me concentre sur différentes recherches afin de pouvoir, à terme, agrémenter mes écrits de visuels explicites quant aux contenus des billets qu’ils introduiront. Je noircis des pages, des heures durant, tout en ayant en tête que je ne vais pas tarder à me faire vilipender sur la toile en bénéficiant notamment de surnoms à visée discriminante tels que « bobo scribouillarde ». Si c’est pas une honte de se faire mousser à écrire des futilités pseudo-romanesques alors que le monde va si mal ! Des articles commencent à fleurir en ce sens, un peu partout sur le champ virtuel qui me sert d’écritoire. De grandes plumes les signent parfois, malheureusement pour moi. D’autres, plus mauvaises, tentent de convaincre que le seul talent qui perdurera durant la difficile période que l’on s’apprête à vivre sera le leur. Cela, en revanche, me rassure un peu. Mais quel que soit la tendance critique, je signe et persiste. Il faut que j’écrive, cela me taraude plus que jamais ; et je serais bien en mal de dire pourquoi. C’est incrusté, viscéral, essentiel. Il faut que j’écrive et que je partage, d’autant plus que la lecture - dont je suis véritablement friande depuis ma prime jeunesse – ne suffit plus à me combler. Depuis toujours, j’engrange de manière pantagruélique mais l’essence sort au compte-gouttes du distilloir. Le virus et ce qu’il a déclenché de par le monde agissent comme un catalyseur et déclenchent chez moi une frénésie d’écriture qui ne demandait qu’à s’exprimer.

Alors que le quatrième de couverture, lu et relu, m’apparaît suffisamment pertinent, je m’attelle à la rédaction d’une mini biographie. Là aussi, le défi s’avère complexe. Comment résumer une vie en quelques lignes, qui n’apparaissent ni racoleuses, ni emphatiques ? Ben dis-donc, elle se prend pas pour n’importe qui celle-là ! Finalement, je me décide pour cinq lignes en me basant sur des modèles établis par d’importantes maisons d’édition. Je supprime, corrige, recommence jusqu’à une synthèse relativement acceptable.

Et puis, c’est le coup de théâtre cérébral. Comme si je ne me triturais pas assez la cervelle comme ça ! Le roman en période de confinement ? Mouaih, bon. À condition d’être Madame Irma, je ne vois pas comment il serait possible de présager de l’avenir ni du temps exact durant lequel tout à chacun restera confiné. Donc un livre pensé, structuré et pondu en un temps particulièrement record… Deux mois ? Trois mois ? Ne rêve tout de même pas trop, ma petite fille ! Même les plus grands travaillent un an, voire un an et demi pour écrire un livre alors qu’ils ont la parfaite maîtrise de leur art. Et parfois bien plus encore. Alors toi, tu penses bien… !

J’ai beau tourner et retourner les différents paramètres dans ma tête, rien n’en sort plus. Je me décide à prendre une pause et passe par l’un des lieux de la maison où les livres sont particulièrement tassés au sein d’étagères à la limite de l’explosion. Et je tombe sur l’une de mes références enfantines, éternelle : Jules Verne. Son « Tour du Monde en 80 jours ». C’est le déclic !

Peu importe le temps exact que durera le confinement. J’écrirai, et je le ferai en 80 jours. Cette seule perspective me donne une ligne narrative et un rythme de production rédactionnelle qu’il me faudra tenir. De surcroît, cela m’empêchera de tourner folle entre deux flashes d’information, anxiogènes au possible. L’idée finale d’y ajouter un journal de bord commence également à germer, mais pas pour le moment. Trop de travail.

Prise de bâillements, largement nourris par la nette augmentation de ma température cérébrale, je me concentre sur mes gorgées de chocolat chaud et étire mes muscles douloureux. Allez, on ne va pas s’arrêter là. « J » moins 79 !

 

 

 

 

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