Mais aujourd’hui, même les arômes du Costa Rica ne viennent pas à bout du reflet frippé que le miroir de l’entrée me renvoie sans la moindre déférence.
Il faut dire que les dernières quarante-huit heures se sont révélées pour le moins actives : veiller à la protection des écrits et du blog via la SGDL(1) et son service CLEO + (2). Ça, c’est fait ! En y ajoutant la surveillance anti-copie « Copyscape » et en ayant recours à la « Cyberclé », me voici parée à palier à toute attaque de paranoïa aigüe. Ce n’est pas tant la crainte de l’absorption du fruit de mes réflexions narratives, mais tout de même. Le partage n’est viable que lorsqu’il regroupe au préalable le minimum de principes éthiques, comme le respect des productions d’autrui.
S’ajoute à cela la création de différents billets et pages renseignant sur le background d’auteure, précisant le caractère fictif de l’histoire, mais avertissant néanmoins de la véracité des informations scientifiques, officielles ou médiatiques présentées dans le roman.
Encore ensuquée, accrochée à l’anse de mon mug comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage, je continue sur ma lancée avec la création de différentes catégories thématiques regroupant les données auxquelles le lectorat pourrait potentiellement avoir à se référer. Arrivent ensuite le choix des liens pointants sur différentes formations, structures ou organismes liés au contexte dans lequel évolueront les personnages : le SAPAT*, l’ASSP* en structure ou à domicile, le COSI*, le CNSA* et le portail d’info du grand âge.

Les grandes lignes des personnages sont donc posées et continueront d’évoluer au fur et à mesure de l’élaboration du contenu des chapitres. La lunette n’est cependant pas d’une netteté exemplaire, à l’heure qu’il est ; et je gage qu’il serait effectivement pertinent que la mise au point se fasse concernant le tempérament des protagonistes et leur interaction.
La trame et le squelette narratifs se dessinent toutefois, et me rassurent quant à la crédibilité du contenu à venir. Le tout n’est pas de créer des personnages, ni même de chercher absolument à les affubler de prénoms tous plus ridicules les uns que les autres. Le principal est que les yeux qui parcoureront les lignes de leurs aventures y croient. Je m’astreins donc à fixer des noms de baptême sensés s’encrer dans une réalité palpable, à laquelle chacun pourra s’identifier sans trop de difficultés.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que je m’y échine. Plus de six heures de travail acharné aujourd’hui, et je n’ai pas encore écrit le prologue. De quoi supplanter les recommandations d’assiduité des masterclasses les plus émérites.

Afin de me vider la tête, je tente deux ou trois étirements puis enchaîne sur un temps de respiration, jambes croisées à la mode « yogi ». Tudieu ! Je ne pensais pas être rouillée à ce point ! Même la musique d’ambiance sensée parfaire cette courte parenthèse de détente n’agit pas sur les fourmis qui me cisaillent littéralement les membres.
Bien loin de la grace des ballerines, je me relève tant bien que mal et passe ma main dans les cheveux, histoire de retrouver un tant soit peu de dignité. Je réintègre mon fauteuil et me rapproche du clavier, déterminée à y arriver avant minuit. Devant la feuille résolument blanche, je me maudis de m’être fixée une « dead-line » aussi courte. Mais je me remémore en dernier ressort le judicieux conseil que me donnait mon grand-père lorsqu’il était question de me rebooster : « Active ta matière grise, ma petite fille ; ça te sortira de tous les faux pas ! »
 Ainsi soit-il.    J-78 !

(1)  SGDL : Société des Gens de Lettres

(2)  CLEO+ : Protection en ligne avec transfert de données

* SAPAT : Baccalauréat professionnel « Services aux Personnes et aux Territoires »

* ASSP : Baccalauréat Professionnel « Accompagnement, Soins et Services à la Personne », en structure ou à domicile.

* COSI : Contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire

* CNSA : Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie