J – 77 : « Pérégrinations passées, présentes et à venir... »
Par JOURNAL DE BORD d'une « écrivailleuse » hystérique - Lien permanent
21 mars 2020 – Chambre-bureau – Domicile familial – 08h30 du matin
Après en avoir largement écrasé comme au temps d’ « Alexandre le bienheureux »*, me voici revigorée. Une bonne nuit de sommeil n’étais pas de trop ! Je vais pouvoir me lancer dans la rédaction du chapitre numéro un sans avoir à me battre de manière inconsidérée avec mes crises de bâillements intempestifs.
Je profite d’un temps de latence auto-prescrit pour effectuer un rapide tour d’horizon du monde, soumis à la triste réalité du confinement. Le virus covid-19 sévit sans vergogne et la débandage générale se répand encore plus vite que lui sur les plateaux de télévision.
Chacun y va de ses gros titres racoleurs, de sa théorie, de ses jugements, de ses arguments contradictoires ou de ses informations à peine étayées, provoquant une confusion au moins aussi importante que le taux d’audience pour lequel toutes les rédactions se battent comme des chiffonnières. C’est navrant et pitoyable. Le monde est rudoyée plus fortement par les hommes qu’il ne l’est par la nature de ce minuscule assaillant microbien.
Une demi-heure de peur savamment orchestrée sur fond de crise économique et de principe sécuritaire me suffit. Je reprends un café bien serré, accompagné d’une bonne dose de jus de citron et d’oranges douces. Booster les neurones et le système immunitaire m’apparait pertinent dans un contexte d’enfermement où la seule fenêtre disponible s’ouvre sur le risque patent de perdre la vie.
Je monte l’escalier jusqu’au premier étage, pousse la porte du bureau, ouvre les rideaux et allume l’ordinateur. Je me fixe comme objectif de constituer différents fichiers de travail auxquels je me référerai quotidiennement afin de permettre à mon roman d’acquérir un solide squelette. Le tout n’est pas de pondre une histoire mais de lui faire tenir la route sur la longueur. La crédibilité narrative ou littéraire s’acquièrent semble-t-il dans la durée. Alors il m’apparaît impératif de travailler assidûment aux fondations d’une fiction que je souhaite palpitante, d’autant plus qu’elle surfera sur les faits réels qui touchent tout à chacun à l’instant « T ».
Naissent ainsi dans la matinée : le recueil des citations qui apparaîtront en en-tête de chaque billet* , le sommaire des chapitres, que je double d’un court résumé de leurs contenus respectifs, le document rassemblant tous les parcours de vie des personnages ainsi que leurs interactions et pérégrinations. Arrivent ensuite les recherches d’« infos utiles », scientifiques, officielles ou médiatiques, qui permettront la connexion régulière entre le contexte d’évolution de mes protagonistes et la réalité hors normes vécue par l’ensemble des humains sur la planète. J’en collecte un nombre substantiel et les rassemble dans un dossier numérique. J’en conserve également les liens virtuels, qui à tout moment m’offriront un champ de consultation non négligeable parmi le flot d’actualités constamment relayées sur la toile. Tous les types de médias m’interpellent, attisent ma curiosité, enrichissent mes connaissances, me surprennent, m’étonnent, me font rire parfois, et me choquent souvent.
Je m’offre une pause déjeuner bien méritée, engloutis un solide repas et me délecte d’un café fûmant qui me plonge instantanément dans un état « proche de l’Ohio ».* Réinstallée devant mon écritoire à touches, j’insère de nouveaux fichiers thématiques dans le bandeau gris apparaissant au bas de la page d’accueil du blog. J’y colle la totalité des données recueillies dans la matinée, puis ouvre un nouveau document pour les besoins du chapitre un.
Sa blancheur virginale n’attend que ma frénésie compulsive pour s’emplir des caractères typographiques qui, depuis plusieurs jours déjà, sont devenus mes principaux partenaires créatifs. La temporalité du prologue a été fixée à septembre 2020, dans l’avenir. L’héroine est jeune, manifestement réfugiée au fond des bois. Que lui est-il arrivé ? Là est toute la question.
Il va bien falloir revenir sur son passé pour en expliquer les prémices. Alors lançons-nous ! Chapitre un : « 17 février 2020 – Hondschoote, Hauts-de-France »...
* « Alexandre le Bienheureux » : film français réalisé par Yves Robert (1968 )
* Billet : document, production écrite, chapitre du roman…, posté quotidiennement sur le blog
* « Ohio » : chanson sortie en 1983, interprétée par Isabelle Adjani (paroles de Isabelle Adjani)